Les fondements et les théories sur lesquels la psychothérapie corporelle (PC) s’est développée :

C’est à la fin du 19^ième et au début du 20^ième siècle que les grands psychanalystes tels Freud, Adler, Groddeck et Ferenzci ont lancé les bases de la psychothérapie corporelle (PC) en recherchant et en reconnaissant les origines psycho-physiologiques des névroses. Freud a beaucoup étudié le lien entre la psyché et le soma, déclarant même que l’égo est essentiellement un égo corporel et prévoyant que la psychanalyse serait un jour fondée sur la physiologie et la biologie. Par ailleurs, la conceptualisation par Freud de la libido, dans le contexte de l’homéostasie, est plus en phase avec la biologie et la physique qu’avec la psychologie. Constatant les motivations déterminées de ses clients de se libérer de leurs énergies corporelles, Freud a utilisé plusieurs techniques dont le massage.

Adler, le président de la Société psychanalytique de Vienne pensait, comme Freud, que l’âme du client n’influence pas seulement son comportement mais a également un impact sur les indicateurs physiologiques qui génèrent les symptômes qu’il présente. Il voulait développer une psychanalyse qui, agissant sur les dimensions physiologiques, permettrait de traiter la psyché et vice versa.

Groddeck, comme Adler, voulait développer une approche adaptée aux besoins de ses clients. Appelé également ‘le père de la médecine psychosomatique’, Groddeck proposait une psychothérapie ‘psychosomatique’ qui abordait le client dans sa globalité organismique.

Tant Wilhelm Reich que Ferenczi ont été influencés par Groddeck qui combinait des massages en profondeur avec des interventions verbales.
C’est pourtant Reich qui devint le plus important précurseur de la psychothérapie corporelle. Dans ses travaux cliniques avec Freud, il concluait que les attitudes étaient incarnées et se traduisaient tantôt par une posture, un mouvement infime et subtil, un certain tonus musculaire ou encore un schéma respiratoire.
Reich reconnaissait que tous les symptômes névrotiques ont également un aspect physiologique et physique. Le corps et l’esprit interagissent et se font écho l’un à l’autre ; si l’esprit tire une conclusion, le corps réagit. Son concept ‘cuirasse caractérielle’ décrit comment des tensions physiques peuvent être protectrices et réprimer ce à quoi nous ne pouvons pas faire face, nous protégeant de la sorte de revivre une douleur émotionnelle. Toutefois, elle nous empêche également d’éprouver du plaisir, de la spontanéité, de la joie!

Par ailleurs, Reich, pendant ses consultations, a étudié le système nerveux végétatif autonome et mis en évidence que les réactions du système sympathique et parasympathique étaient liées à des résistances liées au caractère. Il était important pour Reich de découvrir ces réponses involontaires, échappant au contrôle de l’esprit. Il pouvait observer ces changements neuro-végétatifs dans les mouvements et les expressions involontaires des individus, dans leur respiration, dans les changements de couleur de leur peau ou de chaleur, dans les spasmes ou les contractions musculaires. Il en conclut que ces schémas physiques étaient identiques aux psychologiques et démarra la ‘Végétothérapie’, qui implique de travailler les manifestations physiques des émotions, ce que Reich appelait la ‘caractéro-analyse du corps’.

Plus tard, Reich réalisa que l’énergie peut être associée à des tensions musculaires chroniques et commença à étudier les attitudes ‘corporelles. Pour lui le processus thérapeutique ne pouvait que stagner au niveau de la compréhension mentale si on ne s’intéressait pas à la ‘cuirasse corporelle’. Il croyait aussi que la santé émotionnelle est liée à la capacité de l’abandon total lors de l’acte sexuel, appelé ‘puissance orgastique’, qu’il continua à développer en ‘l’énergie d’Orgone’. Enfin, pour Reich tant les symptômes psychologiques que psychosomatiques devaient être étudiés avec, en toile de fonds, les schémas de caractères sous-jacents, et prendre ainsi en considération l’ensemble corps-mental en rejoignant in fine nos mécanismes biologiques (tels notre métabolisme, notre système nerveux autonome, et notre respiration).

Reich développa sa propre ‘psychanalyse corporelle’ selon laquelle les impulsions et les perceptions corporelles sont verbalisées par association libre. Un mouvement international post-reichien de psychothérapie corporelle vit le jour dans les années 50, émanant directement des théories de Reich ou, du moins, s’en réclamant, le tout dans un contexte qui devint de plus en plus humaniste à l’époque. Son associé, Alexander Lowen élabora ‘l’analyse bioénergétique’ également connue sous le nom de ‘Bioenergetics’ au début des années 50.
Son associé, John Pierrakos élabora au début des années 70 la théorie du ‘noyau énergétique’ nommé ‘Core Energetics’. David Boadella, qui fut durant de nombreuses années le principal adepte britannique de Reich, et qui était originellement formé à la végétothérapie, développa, début des années 70 la ‘Biosynthèse’. Et enfin, il y eut Ola Raknes, qui avait travaillé avec Reich durant son exil en Norvège (1934-1939), et qui pratiquait la végétothérapie de Reich, ce que son élève Gerda Boyesen, transforma par la suite en ‘Psychologie et Psychothérapie biodynamique’.